Carissimo Alessandro,
Depuis quelques jours j´ai repris un peu mes occupations, ma santé me faisant un peu de répit – mais à mon âge ces sortes de maladies vous tiennent compagnie
jusqu’au tombeau.
Le matin je me lève encore un peu tard – de mon lit j´aperçois la haute cime des marronniers dénudée de sa belle verdure – le ciel est bas et c´est l´hiver
partout – au dehors comme au-dedans. – toutes nos aspirations sont ensevelies sous une couche de glace que les affections pas trop tièdes ne parviennent pas à faire fondre. O gioventù primavera della
vita » c´est à cette époque de notre existence que l´on connaît toute la magie de ces mots….
Comme tu me l´avait prédit les jeunes époux sont venus quelques jours après leur mariage passer une journée avec nous. Maintenant quand les reverrai-je la mauvaise saison
n´est pas propice aux excursions. Si je me sens assez forte, je tacherai un de ces jours d´aller vers eux.
Tu me démandes leurs portrait mais Alexandre chéri, je suis honteuse de t´écrire que moi-même je n´en possède aucun ni de ceux-ci ni de l’autre couple, ils ont
prétexté que, vue la cherté de la photo, les voulant très beaux ils en avaient fait faire un nombre très limité – naturellement c´est nous qui avons été éludées. Je viens de leur écrire à ce
sujet je vais voir ce qu´ils vont faire.
Dans mes heures de convalescence j´ai fabriqué deux portes cartes avec les éléments que j’ai pu trouver ici – un pour Rosa – un pour toi, ils n’ont
aucune valeur mais je les ai confectionnés moi-même en pensant à vous. Je veux espérer que vous vous en servirez en pensant à moi. J´ai recommandé le petit paquet au nom de Rosa pour que tu ne sois pas
dérangé pour la signature.
Addio Alessandro mio. Ah se potessi dire arrivederci: forse nell’altro mondo chi lo sa? Tanti baci a Rosa e a te un abbraccio che pure affettuose aimable souvenir
d´Adrienne.
Affectueusement .
Adèle
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